Le langage poétique, un pont où les mots dansent pour élargir le canal du souffle du neutre ?*
- connectartherapie

- 9 févr. 2022
- 2 min de lecture
Après le voyage proposé par Mme Rantsordas vers l’univers du langage poétique, voici les idées qui se tissent pour accueillir ce langage dans le monde de l’art-thérapie que prend forme dans ma vie à chaque un de mes pas. Mon point de départ est une conclusion bellement formulée :
“Pour nous qui vivons de plus en plus entourés de masques et de schémas intellectuels, et qui étouffons dans la prison qu’ils élèvent autour de nous, le regard du poète et le bélier qui renverse ces murs et nous rend ne serait-ce qu’un instant, le réel ; et avec le réel, une CHANCE DE VIE”[1]
Là où le silence vient manquer, “le poème installe un tiers-espace entre le monde et les mots”.
Le langage poétique donne vie et met en valeur les mots, en s’emparant “de tous les sentiments, de toutes les émotions, en cherchant le lien entre les mots et l’émotion” pour tisser une belle couverture qui peut soulager le froid de la souffrance. Il peut bien donc, aiguiser l’attention flottante car “le mot le plus banale, l’expression la plus courante acquiert un lustre nouveau, comme si elle était redécouverte. Il nous invite à regarder avec un regard nouveau, “comme si les choses, en les disant, on les redécouvrait”.
“Si le langage poétique restitue aux mots une valeur des signes purs dotés d’énergie, c’est que le mot est un pont par le moyen duquel l’innomé essaye de franchir la distance qui le sépare de la réalité extérieure” (Octavio Paz). Selon Valéry, “un poème avance en se répétant”[2] mais “le langage poétique est inépuisable répétition (…) Un poème est bien souvent, on pourrait dire, une chambre à échos.” (Mme Rantsordas) Peut-être les échos de ce que l’on n’ose pas dire. “Entre sons et sens il fait naître à chaque fois le réel que, comme le poème, est inépuisable” (René Char) même si dans aucun cas le langage poétique ne peut le dire. Le réel absent est toujours cerné par une conscience particulière et rendu présent par un réel verbal.
Là où les mots venaient manquer, le langage poétique devient une explosion d’images, chargées de dire l’être pour permettre au lecteur de s’identifier avec les moments précis que le poème décrit. Baudelaire, depuis son regard douloureux sur la vie, pour dire sa névrose et ses angoisses est passé par las images qui peuvent déchiffrer la condition humaine à travers le symbolisme, en tissant des liens entre signifiant et signifié.
À la fin de ce voyage je veux bien croire que le langage poétique est bien un pont. Comme le dit Bonnefoy qui fait de la voix le signe, "le lieu même de la poésie entre être et non-être, entre absence et présence, entre deux rives, entre éphémère et éternel.” Tout comme Marina Hands, “Nous voulons ce qui nous manque. Or, je préfère dire ce que je veux (mais n’ai pas) sous forme de poésie plutôt qu’à coups de revendications, dans la violence ou la douleur.”[3]
[1] Philippe Jaccottet. L’entretien des Muses. [2] Le langage poétique. Cours de Mme. Rantsordas [3] Marina Hands par Joêlle Gayot dans Télérama)
*Angela MERCHAN JAARAMILLO
Art-thérapeute RNCP
PROFAC






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